Mouloud Halliche : «Mon fils m’a comblé au-delà de mes espérances»
Racontez-nous les débuts de Rafik dans le judo. Est-ce un choix de votre part, vu que vous étiez à cette époque-là DTS de judo au Mouloudia ?
Non, ce fut un pur hasard. Comme je travaillais à Saint-Michel, je prenais Rafik avec moi à la salle de judo pour ne pas le laisser jouer dans la rue à Bachdjarrah. Je savais pertinemment qu’il avait besoin de jouer comme tous les autres enfants. C’est pour cela que je le prenais avec moi pour aller s’entraîner et se défouler.
Le judo n’a finalement pas duré longtemps, puisque vous l’aviez inscrit par la suite dans une équipe de football, n’est-ce pas ?
Exact. Le judo n’aura duré au total que 2 ans. Lorsqu’il avait 7 ans, je l’emmenais avec moi à Ben Aknoun où je travaillais pas loin du CREPS. Je le laissais jouer avec les enfants dans le stade de proximité. C’est à ce moment-là que mon ami Bellahcene, que Dieu ait son âme, qui était DTS des jeunes catégories au CREPS de Ben Aknoun, m’a demandé d’inscrire Rafik dans la catégorie des écoles, car il a décelé en lui un grand talent. Je ne vous cache pas que cela m’a surpris, car je ne l’avais jamais vu jouer auparavant. Rafik était fou de joie lorsque je lui ai annoncé la nouvelle. C’est à ce moment-là que son aventure avec le football avait commencé.
Lorsque vous l’avez inscrit au CREPS de Ben Aknoun, aviez-vous imaginé ce parcours de champion ?
Absolument pas. Je ne vous cache pas que lorsque je l’ai inscrit dans cette école de formation, mon seul but était qu’il prenne du plaisir, rien de plus. Je n’ai jamais pu penser qu’il allait faire une carrière professionnelle dans le football et qu’il atteindra le haut niveau. Comme tout autre père, j’ai toujours été très à cheval sur ses études. Pour moi, le football passait en seconde position.
Par la suite, comment s’est porté votre choix sur le NAHD ?
Une fois arrivé en cadet, je devais lui faire changer de club, vu que le centre du CREPS n’avait pas de catégorie supérieure. Le choix du NAHD fut aussi un pur hasard. Tout était une question de trajet. De Bachdjarah, j’avais deux options : Kouba ou Hussein Dey. J’ai finalement opté pour Hussein Dey.
Malgré le fait qu’il soit fils unique de la famille, vous l’avez finalement laissé partir au Portugal. Est-ce un choix difficile ?
Bien évidemment. J’aurai souhaité que mon fils reste à mes côtés. Mais il devait voler de ses propres ailes et prendre ses responsabilités. Au Portugal, je savais qu’il allait beaucoup progresser. Et je n’ai pas eu tort. Toutefois, je ne vous cache pas que ça a été difficile pour nous tous à la maison, surtout pour sa mère.
Maintenant que votre fils porte le maillot de l’EN, quel sentiment avez-vous en le voyant chanter l’hymne national ?
Très ému, il marque un temps d’arrêt d’une dizaine de secondes. Je ressens une très grande fierté. Aujourd’hui, j’ai le sentiment du devoir accompli. Il a réussi sa carrière et c’est ma grande satisfaction. Il m’a comblé au-delà de mes espérances. Tout ce que je souhaite maintenant, c’est qu’il joue la Coupe du monde pour donner une autre dimension à sa carrière.
Vous qu’il l’avez toujours si bien encadré durant sa carrière, peut-on dire que vous êtes derrière sa réussite ?
En tant que père, je n’ai fait que mon devoir. J’ai toujours cherché l’intérêt de mon fils. Même s’il était sollicité par de grandes formations en Algérie, je n’ai jamais privilégié l’aspect financier.
Entretien réalisé par
Abdelatif Azibi
Ya Rafik, rahou djay aâmi Mouloud !»
Lorsque Rafik était enfant, il jouait comme tous les autres enfants du quartier dans la rue, mais... en cachette. Il en profitait lorsque son père travaillait pendant la journée. Tous les autres enfants qui jouaient avec lui le prévenaient le soir lorsque son père était de retour. En fait, aâmi Mouloud avait à cette époque-là une 505 diesel qu’on entendait venir de loin. Dès que les enfants entendaient le bruit du moteur, ils criaient tous : «Ya Rafik, rahou djay aâmi Mouloud.» C’est alors que Rafik montait en courant à la maison.
Bezzaz et Zarabi, ses coéquipiers intimes en sélection
En parlant de la sélection et l’ambiance qui règne dans le groupe, Rafik Halliche nous a fait savoir qu’il s’entendait parfaitement bien avec Antar Yahia, son camarade de chambre. Toutefois, ses deux meilleurs amis intimes de la sélection sont Bezzaz et Zarabi. La raison ? Ces deux joueurs l’ont beaucoup aidé lorsqu’il avait rejoint la sélection. Il n’a jamais oublié tout ce qu’ils lui ont fait pour l’aider à s’intégrer.
La garantita, les glaces et la pluie
En retraçant les meilleurs moments de sa carrière, Rafik Halliche nous a raconté son adolescence passée au NAHD. Lorsqu’il était cadet, les entraînements se déroulaient tard dans la soirée. Et à la fin de l’entraînement, Rafik achetait parfois un sandwich garantita et un cornet de glace avec l’argent du bus, pour ensuite faire le trajet à pied d’Hussein Dey jusqu’à Bachdjarrah sous la pluie.
Sa maman ne voit jamais ses matches
Présente parmi nous au cours de l’entretien, la maman de Rafik nous a fait savoir qu’elle ne regardait jamais les matchs de son fils à la télévision, car elle n’avait pas le courage de le faire. Elle a assisté à deux rencontres du Nacional au Portugal. Sa maman, qui n’était pas emballée par l’idée de voir son fils faire carrière dans le foot, ne peut aujourd’hui se mettre face à la télé, de peur de voir son rejeton se
blesser. Brave mère
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